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Comment les journaux télévisés ont gardé l’antenne durant le confinement

À l’annonce du confinement, les chaînes de télévision ont placé une partie des équipes du JT en télétravail. Une bonne partie de la production et du montage a toutefois été maintenue en présentiel.

Coronavirus ou non, les présentateurs n’ont pas manqué l’appel de l’information. Tous ont continué à intervenir, durant toute la durée du confinement, et parfois même à travers une pastille diffusée depuis leur domicile.

Et les présentateurs n’ont pas été les seuls dans les grandes chaînes à collaborer à distance. Celles qui avaient conclu un accord sur le télétravail s’en sont mieux sorties que d’autres pour se réorganiser à l’annonce du confinement mi-mars. A l’exemple de notre client, une des premières chaînes de France, durant les premiers jours, ses capacités réseaux ont été mises à rude épreuve. Le tunnel VPN devait supporter la charge, sachant que les fichiers audio et vidéo échangés en accès distant étaient particulièrement lourds.

Les interviews par visioconférence dépendaient aussi de la qualité de connexion des intervenant avec parfois des temps de latence, un son distordu et une image qui se pixelise. Un paradoxe à l’heure de la 4K et bientôt de la 8K. « Dans le contexte du confinement, les téléspectateurs pouvaient tolérer cette moindre qualité pour une émission d’actualités, note Coralie Vial, consultante et chef de projet chez 42 Mediatvcom. En revanche, l’exigence de qualité était maintenue pour la retransmission de grands événements comme un match de football ».

Approche hybride

Durant la parenthèse du printemps, la chaîne a adopté une approche hybride. Sur la partie production, des équipes techniques ont été physiquement maintenues sur site pour réaliser le journal télévisé tandis qu’une partie de montage s’est effectuée à distance. « Un JT a besoin d’opérateurs présents sur le plateau, poursuit Coralie Vial. Il s’agit de se synchroniser, de régler la lumière et de répondre aux risques de panne en direct. Un assistant peut être amené à redémarrer un équipement. » S’il existe aujourd’hui des studios entièrement robotisés, équipés de caméras automatiques et programmés à distance, le rendu, selon elle, « n’est pas le même ».

Le montage des sujets présentés à l’antenne a aussi nécessité des interactions physiques, même ponctuelles, entre le journaliste et le monteur pour effectuer les coupes, poser la voix. « Si chacun est chez soi, les deux ne verront pas les mêmes images en simultané. La résolution sera, par ailleurs, dégradée sur un ordinateur portable ».

Un banc de montage, composé d’une station de travail, d’un écran incurvé 38 pouces et d’un autre écran pour visualiser le rendu au plus proche du réel est, en effet, difficilement transportable. En revanche, les collaborateurs du service infographie ont pu récupérer à leur domicile leurs stations de travail équipées d’une carte graphique et un écran vidéo de haute résolution pour la restitution visuelle.

Modernisation des infrastructures et MAM

Comme les autres médias TV historiques, notre client media a un existant technique à maintenir. Depuis maintenant trois ans, il a engagé un chantier de modernisation de ses actifs, en virtualisant une partie de son infrastructure IT. « La virtualisation des serveurs apporte de la souplesse, observe Coralie Vial. Il est plus simple d’héberger 30 machines virtuelles dans une infrastructure mutualisée que d’investir dans 30 serveurs physiques. »

Par ailleurs, la chaîne vient de déployer un MAM (media assets management) de l’éditeur Dalet. Cette solution permet de gérer l’ensemble des contenus multimédias entrants et sortants. Un MAM est une base de données renseignées de vidéos, de fichiers audio, d’images ou de photos. Elle couvre la captation vidéo, la production en régie des sujets qui seront diffusés ainsi que l’élaboration du conducteur antenne du JT (1er titre, 2ème titre, retour plateau…).

On peut, bien sûr, aller plus loin dans la virtualisation. Emmanuel Joubard, Operation Manager chez 42c, évoque notamment la création de chaînes de TV dans le cloud, de la fabrication de contenus en live ou en flux jusqu’à leur diffusion. « Le lancement d’une nouvelle émission peut difficilement se faire en virtuel, tempère Coralie Vial. Il faut une phase de rodage pour faire les réglages. Une fois l’émission en rythme de croisière, c’est envisageable. »

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